Revenir de l'Afrique
Les vacances ont commencé depuis hier, mais je dois encore travailler en donnant les cours de français aux étudiants qui préparent leur licence de français pendant les vacances et les week-ends. J’aurais pu rentrer chez mes parents et passer un mois tranquille à la campagne. Mais ce n’était pas possible car on manquait de profs : Luc, avec une vingtaine de chefs chinois du département de français comme lui, est allé recevoir une formation au sud de la France pour deux semaines, tous les frais chargés par l’ambassade de France en Chine ; Lili à Changchun, au nord de la Chine, pour une formation durant deux mois(y compris deux jours de la formation militaire) imposée par Le Collège Confucius à Pékin. Elle enseignera le chinois probablement à Rennes ; et deux collègues enceintes qui ne veulent ou ne peuvent pas travailler. Avec tous les profs disponibles, on en manquait encore, alors Lili a demandé à une de ses anciennes camarades de venir la remplacer pour donner les cours aux deuxième et troisième années. C’est ainsi que j’ai entendu parler l’histoire de Dong. Après obtenu une licence à notre département, elle a fait ses études de master à Pékin, puis elle a été recrutée par une des meilleures universités du Shandong. Un an après, elle a démissionné pour partir en Algérie en servant d’interprète pour une entreprise chinoise. Elle y est restée deux ans. Revenue, elle a acheté à crédit un appartement à Jinan et trouvé un poste de traductrice dans une entreprise. Quelques mois plus tard, elle a démissionné de nouveau. Maintenant, elle est traductrice libre et donne de temps en temps des cours de français dans de différents établissements. Une telle personne, je l’imaginais dynamique jusqu’en apparence. Mais quand je l’ai vue hier et déjeuné avec elle, à ma surprise, elle était calme, elle ne parlait pas beaucoup, sauf après que je lui pose des questions. Selon elle, il y a énormément de Chinois en Afrique. Elle aime l’Algérie. Elle ne serait peut-être pas revenue en Chine si elle avait rencontré un homme là-bas. Après la rencontre avec elle, je me suis demandé si j’avais le courage d’aller tout seul en Afrique pour y rester un an et même deux ans. La réponse est non. Ce n’est pas que l’aventure ne me tente pas, mais que j’aime bien ma vie actuelle que je regretterais, mon petit confort à la maison, mon amour, mes étudiants, mon campus, tout. Même pour mon projet à Montréal, j’ai des hésitations. Pour construire fermement une carrière, il faut que je fasse ma thèse le plus tôt possible. Pourtant, malgré un aventurier qu’est mon âme, mon corps un prudent, un sédentaire et un paresseux.