La fête de la Lune chez mes parents, 2

Le lendemain matin, maman m’a appelée : « Viens, j’ai quelque chose à te dire ! » Que j’étais nerveuse ! Mais finalement, elle n’a rien parlé de la nuit passée. C’était pour une autre chose qu’elle m’a appelée. Après le petit déjeuner, papa nous a prêté sa moto pour que Yi puisse faire un petit tour de notre village. Il faisait si beau ! Ici, on n’avait pas le ciel toujours gris de Jinan, mais un ciel clair comme celui de l’Europe. Yi n’avait jamais vu les plantes de riz, mais il partageait les mêmes souvenirs d’enfance que moi des herbes sauvages. Il était impressionné par l’abondance des rivières et des ponts. Le style des maisons, la façon d’habiter de nos villageois, c’était aussi quelque chose de différent pour lui.

A midi, encore un repas copieux. Cette fois-ci, on avait les parents du côté de ma mère. Yi a beaucoup amélioré son niveau d’écoute dans mon dialecte. Selon lui, il pouvait comprendre 60% d’une conversation. Il a même commencé à prononcer quelques mots simples du dialecte. Par exemple, au lieu d’appeler « oncle » dans le Putonghua, il a appelé « dada » dans le dialecte un de mes oncles. Cela a plu énormément à mes parents.

Après le repas un peu long, les gens sont partis dans leur boulot. Il y avait beaucoup d’usines textiles dans mon village. Le patron de mon cousin Peng était allé à Paris fin août pour une exposition des produits textiles, ce qui m’avait étonnée : j’avais du mal à lier mon village à Paris ; mais n’est-ce pas moi, je suis moi-même un lien de mon village et de Paris ? Je suis très heureuse de voir que la mondialisation touche d’une telle façon mon village, mais il ne faut pas embellir la réalité : les ouvriers y compris ma mère ne touchent qu’un salaire de 40 centimes par heure. C’est eux qui font vivre l’Empire des Usines qu’est la Chine.

Pendant le repas, une tante m’a demandé si j’étais allée à l’Expo puisque j’étais revenue de Shanghai. Oui, j’y étais allée. Mais je n’y avais pas pris beaucoup de plaisir. Maman a dit avec fierté: « Moi aussi, je suis allée à l’Expo ! » Comment ?! Elle ne m’en avait jamais parlé. C’était en fait le patron de son usine qui avait offert le voyage. Le bus était parti du village à l’Expo directement. Une journée, ça avait suffit pour faire un aller-retour. Maman a dit que les autres usines ont organisé les voyages à Suzhou, à Wuxi, etc. « Pourquoi les patrons ont fait ces choses-là pour plaire aux ouvriers ? » ai-je demandé. Maman m’a répondu : « Puisque c’est de plus en plus difficile pour eux de trouver les ouvriers. Les patrons préfèrent employer des locaux à des étrangers, mais les jeunes comme toi quittent le village pour vivre à la ville. On a de moins en moins d’habitants... » 

Maman était heureuse même si son salaire était petit. Elle avait sa vie sociale à elle et elle menait une vie aisée avec son revenu et celui de mon père. Comme notre maison était tout près de son usine, elle a fait venir visiter la maison à deux collègues qui sont venues surtout pour voir Yi.

Comments

[jb]

Je suis content de penser que désormais, tu as respiré le bon air de Paris, et que tu voudras certainement en retrouver la saveur dans les années qui viennent.