Le débat au Noël
Au moment où j’ai publié sur mon blog destiné à mes étudiants et mes amis les photos de la messe de Noël au-dessous desquelles j’ai ajouté deux ou trois phrases de commentaires très simples en disant que ça ferait du bien au peuple chinois d’avoir une religion, que ce soit le bouddhisme ou le christianisme, je ne savais pas que j’ai déclenché un débat vif. Je le présente ici puisque j’y vois un miroir de la pensée des jeunes intellectuels chinois d’aujourd’hui.
D’abord les participants :
G, 25 ans, futur ingénieur du transport qui fait maintenant ses recherches de doctorat en Suisse.
D, 25 ans, chercheur dans un centre de recherche de la navigation spatiale à Shanghai.
F, 22 ans, mon étudiant de la quatrième année qui a récemment posé sa candidature à Science Po.
S, 20 ans, étudiante de la deuxième année de je ne sais pas quelle discipline.
Et moi, 25 ans, professeur de français.
Au début, on a discuté sur la valeur du christianisme. Selon G, c’est à cause du christianisme que la civilisation occidentale est tombée dans l’obscurantisme et c’est en se débarrassant de lui que l’Occident a pu reprendre son développement à l’origine de la culture grecque antique. Toutes les religions sinon toutes les croyances de masse le dégoûtent. Les autres y compris moi, nous pensons que les religions ont leur aspect positif et qu’un peuple sans croyance est inimaginable.
Et puis, le débat tourne vers la nature sinon les mœurs du peuple chinois. Selon G, les mœurs des Chinois, les collectivistes, sont meilleures que ceux des Occidentaux, les individualistes. Les problèmes de la Chine viennent de ses institutions mal organisées, de sa pauvreté, et du fait qu'elle est encore en train de se développer. Nos problèmes, les Occidentaux l’ont déjà vécu et ce sont, ose-t-on dire, des problèmes inévitables. Les autres y compris moi, nous ne sommes pas d’accord avec lui. Nous pensons que les Chinois, sans avoir vécu les lumières, sont restés dans une certaine mesure au Moyen Age à la chinoise. Nous sommes un peuple à être éclairé. Nos problèmes, y compris nos institutions mal organisées, viennent de nos mœurs pourries (égoïsme et matérialisme)depuis des milliers d’années. Nous pensons aussi que, « la Chine est encore en train de se développer » ne doit pas être le prétexte de sacrifier les classes au bas de la hiérarchie sociale.
J’ai beaucoup appris de G et modifié un peu ma position à la fin du débat. Le peuple chinois, finalement, est-ce que je le connais bien ?