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Neige au Printemps
10 janvier 2011

Trop de Tocqueville

Je n'ai jamais beaucoup aimé le métier de traducteur qui demande avant tout: la patience; et le temps immense à consacrer.

Les pemiers livres que j'ai traduit ont été imposés par mes professeurs.Chaque fois que je finissais un livre, je me disais: "Plus jamais je ne ferai la traduction!"

Le livre de Tocqueville a été choisi par moi-même. J'ai beaucoup de plaisirs en faisant cette traduction (que de beauté dans ses phrases et de lucidité dans sa pensée!), mais le travail est un peu fatiguant.Depuis le novembre, je ne sors presque plus sauf quand Yi vient me voir. Le jour, c'est Tocqueville qui m'accompagne; le soir, c'est encore lui. J'ai plaisanté avec Yi que si j'avais un fils, je le nommerais: "Tocque" et "Ville" si c'était une fille. Si j'avais le temps, j'aurais aimé apprendre le japonais, apprendre la guitare ou un instrument musical chinois, apprendre la calligraphie et écrire un roman.

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Commentaires
J
Je crois que ça ne dépend pas seulement du métier, mais aussi de la personne.<br /> <br /> J'observe mes collègues chercheurs et, à un extrême, j'en vois qui ne lâchent pas leurs équations, ni la nuit, ni le dimanche.<br /> <br /> Et puis j'en vois à l'opposé, qui ont plusieurs casquettes: responsable de groupe, musicien, chef de famille, joueur de pétanque, amoureux d'une stagiaire, et qui n'en ont toujours qu'une seule à la fois sur la tête.<br /> <br /> Savoir ou non compartimenter sa vie de cette façon, ça fait sans doute une différence.
E
Je n'ai jamais traduit des livres (sauf des manuels, dans mon travail, mais ce n'est pas du tout la même chose). Ce que Neige dit de sa traduction qui l'accompagne partout, c'est ce qui arrive avec n'importe quel travail qui consomme les ressources de l'esprit. J'ai eu la chance (ou la malchance) de faire un métier où on pense tellement le jour que l'esprit est fatigué, et où on emporte la pensée du travail chez soi. Rien d'artistique ou de créateur, c'étaient des programmes d'ordinateur et ce qu'il y a autour. Je me disais quelquefois que j'aurais dû prendre un travail dont on ne peut pas emporter la pensée chez soi, devant une machine par exemple (j'ai fait ça aussi, mais pas longtemps). Professeur, est-ce que c'est un travail dont on se débarrasse quand on a fini sa journée de cours et ses corrections de devoirs ?
J
* (en allemand) Anton Voyls' Fortgang (Eugen Helmlé, 1986)<br /> * (en anglais) A Void (Gilbert Adair, 1995); Vanish'd! (John Lee); A Vanishing (Ian Monk)<br /> * (en espagnol) El secuestro (Marisol Arbués, Mercé Burrel, Marc Parayre, Hermes Salceda, Regina Vega, 1998), qui ne contient pas de «a»<br /> * (en néerlandais) 't Manco (Guido van de Wiel, 2009)<br /> * (en suédois) Försvinna (Sture Pyk, 2000)<br /> * (en turc) Kayboluş (Cemal Yardımcı, 2005)<br /> * (en russe) Istchezanie (Valéry Kislov, 2005) qui ne contient pas de "o"<br /> * (en japonais) En-metsu (Shuichiro Shiotsuka, 2010) qui ne contient pas de "i"
X
J'ai l'idée idiote qu'un pervers t'ai donné à traduire Le "Voyage en grande Carabagne" de Henri Michaux, ou bien encore "La disparition" de Georges Perec.<br /> Ce serait peut être à y passer la vie entière.
P
La traduction, comme la rédaction, envahit la tête, et on perd la liberté de ses propres pensées. C’est fatiguant, la présence de cet autre-obstacle qui ne dort jamais. Voir, penser, écrire en soi, c’est impossible, et toute une carrière de ça, je ne peux pas imaginer. Le bien pour toi c’est d’emprunter pour un temps l’esprit d’un genie comme Toqueville.
Neige au Printemps
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