Le sexe du bébé
Mon collègue Luc m’a demandé si je savais déjà le sexe du bébé.
- Non, mais Luc, examiner le sexe du bébé avant l’accouchement, ce n’est pas interdit par la loi ?
- Oh, si tu veux, j’ai des connaissances de l’hôpital...
Et puis, j’ai demandé à Yi s’il voulait le savoir et il a dit que non. Moi non plus. Nous attendons le dernier moment pour que le secret se dévoile.
Yi et moi, nous n’avons droit qu’à un seul enfant. Si Yi était l’enfant unique comme moi, nous aurions droit à deux. Je dois avouer que ça me choque, l’idée que dans le même pays, certains citoyens ont droit à deux enfants, certains à un seul, comme si nous étions des animaux élevés dans un strict contrôle.
La réalité, c’est que dans beaucoup de régions rurales, la politique de l’enfant unique est très mal appliquée : on continue à avoir quatre, cinq... enfants pour avoir le plus de garçons possibles. A la ville, c’est plus facile de contrôler : Vouloir un autre enfant ? Au chômage ! (Un professeur en droit à Pékin a récemment perdu son emploi à cause de la naissance de son deuxième enfant ; cela a suscité un débat national.)Ainsi la natalité urbaine recule-elle sans cesse. Le résultat : de plus en plus d'enfants sont nés à la campagne et ils manquent de l’éducation scolaire puisque les ressources d’éducation se concentrent à la ville. Quand ils grandissent, que peuvent-ils faire dans leur campagne reculée ? Pas de choix : il faut aller à la ville, mais ils sont si mal formés qu’ils s’adaptent mal à la vie urbaine.
La population de Chine est probablement plus nombreuse que le chiffre officiel parce qu’il y a tellement d’enfants « illégaux » qui ne sont pas inscrits à l’état civil. Le gouvernement a bien raison de les juger illégaux et les considérer comme inexistants, mais ils existent ! Ils ont besoin de la nourriture, du logement, de l’éducation... du travail. Je pense sincèrement que l’Etat devrait modifier sa politique démographique.