Mon Yuezi
En Chine, on appelle le mois d’après la naissance d’un bébé Yuezi月子. Qu’une accouchée passe ce mois, c’est Zuo Yuezi坐月子. Traditionnellement, l’accouchée ne doit pas se laver ni sortir ni faire le moindre ménage ni boire ou manger ou toucher quelque chose de froid. Elle doit se couvrir de la tête jusqu’aux pieds même en été C’est parce que selon la médecine traditionnelle, l’accouchement fait ouvrir le corps de la femme et que si l’on y laisse entrer le vent et l’eau, elle sera malade durant toute sa vie.
Ma mère et ma belle-mère étaient toutes les deux là, chez moi, pendant mon Yuezi. J’ai voulu me laver dès que j’étais sortie de l’hôpital, mais les deux mères me l’ont interdit, ainsi que Yi. Ma mère me lavait tous les jours avec une serviette trempée dans l’eau. Ce n’est que deux semaines plus tard, quand un médecin du service public m’a rendu visite et qu’elle a crié : « Tu ne t’es pas encore lavée ?! Bien sûr que tu le peux ! Ca te ferait du bien ! » Alors la famille ne dirait plus rien. Le soir même, j’ai pris une douche formidable.
J’étais restée très faible en presque une semaine. Et puis, quand je me sentais mieux, j’ai demandé à me promener un peu, pas loin, juste autour du bâtiment où l’on vivait. Les deux mères n’étaient pas d’accord, mais Yi m’a soutenue, alors j’ai pu sortir de la porte de chez moi. En fin du mois, j’ai essayé même de courir un peu. Ma mère m’a avertie : « Attention, toi ! Tu aurais mal aux jambes plus tard ! » Quand j’utilisais l’ordinateur, ma mère disait : « Attention, toi ! Tu aurais mal aux yeux plus tard ! »
La nourriture du mois était constituée surtout des soupes : soupe du carassin, des côtelette de porc, du poulet,etc., des légumes, du lait, mais pas des fruits puisque l’on les jugeait trop froids. Quand j’étais à l’hôpital, les infirmières ont dit à ma famille de ne pas me faire prendre de la soupe du poulet qu’au moins 15 jours plus tard. Je ne savais pas pourquoi, peut-être parce que cette soupe était trop grasse.
Le 12 décembre, fin de mon Yuezi. Je suis sortie avec Yi au marché. J’étais super contente, comme une prisonnière enfin libérée !